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Bac et Brevet libanais, le ministère maitrise-t-il la situation?

Nous sommes en juin et les épreuves finales de fin d’année commencent ! Le Ministère de l’Éducation Nationale a annoncé les dates et les procédures, pas toutes d’ailleurs, on hésite encore. Mais les étudiants du Akkar jusqu’au Sud en passant par Beyrouth ont-ils eu une année normale ? Après un an et demi de confinement et d’enseignement à distance les élèves sont-ils bien préparés ? Ont-ils fini les programmes malgré les problèmes matériaux et techniques ? Sont-ils tous prêts à être évalués ?

Le Bac et le Brevet libanais ne seront pas annulés, mais les questions seront plus faciles.

Aujourd’hui plus de 70,000 élèves sous stress ne savent pas à quoi s’en tenir, l’état des décisions officielles est caractérisé par une confusion illogique dans la plupart des cas (pour être en harmonie avec les élèves) , et un manque de coordination au sein du ministère de l’Éducation et les entités responsables en ce qui concerne la tenue ou pas des examens.

Et pourtant, au milieu des rumeurs de leur non-lieu, le Ministre de l’éducation a annoncé que le bac et le brevet ne seront pas annulés mais il a aussi rassuré les élèves que la situation serait prise en compte.

Jusqu’à nouvel ordre, le Bac libanais est annoncé pour le 26 Juillet et le Brevet pour le 12 Juillet.

Les programmes ont été allégés et le élèves du Brevet passeraient les épreuves dans leurs établissements sous l’égide du ministère.  Le ministre de l’Éducation a insisté à garder ses  examens pour le principe en promettant aux élèves alors des questions plus faciles.

Le ministre Majzoub visite les classes après le confinement.

Les questions qui s’imposent : Vu la situation sanitaire et financière, pourquoi ne pas adopter les contrôles continus des écoles ? N’ont-ils pas confiance dans les écoles publiques et privées libanaises ? Pourquoi des examens qui viennent juste faire bonne figure et qui ne reflèteraient en rien la vraie vérité : Les élèves n’ont presque rien appris cette année !

Les programmes scolaires ont à peine été couverts cette année

Au Liban, plus de 70% des élèves de l’enseignement public n’ont pas eu des conditions normales d’enseignement :

  • Ils n’avaient pas d’internet chez eux,
  • Ni assez de tablettes ou de supports par enfant par famille.
  • Les enseignants non plus n’avaient pas toujours toute la connectivité nécessaire.
  • Si la famille avait internet et une tablette ou deux, certaines familles de plus de deux étudiants devaient choisir lequel en avait plus besoin que l’autre !
  • Sans compter les enseignants qui eux non plus, faute de tous les moyens précités ne pouvaient pas donner de cours normal.
  • Une réticence des professeurs à changer leurs habitudes après maintes années de carrière à enseigner en directe.
  • Il suffisait aussi que ce même professeur ait un ou deux enfants qui étudient à la maison aussi pendant que lui donne les cours, pour que sa connexion ou sa disponibilité ne soit perturbée.
  • Les élèves des classes à examen étaient prioritaires, mais qu’en est-il des autres classes ? comment combler les lacunes de 18 mois d’enseignement ratés ?

Qu’en est-il alors du futur des générations libanaises ? Comment le ministère et les établissements vont-ils évaluer les lacunes et les combler dans les années à venir ?

Le secteur privé a fait de son mieux

D’autre part et heureusement, la majorité des élèves du secteur privé ont eu une année « presque » normale, couvrant une majeure partie des programmes.

Classe réunie en zoom meet

Sur ce sujet, d’après Dr Marwan Saleh, directeur de Lycée :

« L’année académique se termine sans que la plupart des étudiants du monde aient obtenu les compétences requises dans leurs classes. Par conséquent, la plupart des pays ont annulé les épreuves officielles ou les ont remplacés par des certificats scolaires.

Les élèves ont assisté aux cours, autant que possible, mais il est certain que la concentration n’était pas à son apogée, ni l’intérêt au cours. Les administrations des écoles privées ont pu créer une atmosphère appropriée pour le travail de l’enseignement à distance, ils ont donc assisté et suivi les enseignants et les élèves à s’adapter à la nouvelle méthode d’apprentissage. En utilisant des applications et des moyens modernes, évitant ainsi de gaspiller l’année scolaire. À la suite de cet effort, il y a eu une progression significative des compétences de l’enseignant et de l’élève. »

La concentration durant les cours en ligne n’était pas au top

eleve sur son ecran avec telephone a cote

Son cellulaire est couvert et ne l’empêche pas de se concentrer.

Si on ne compte pas les coupures de courant, d’internet, l’explosion de Beyrouth, les maladies covid, les pertes de proches de ce fléau, le coût de remplacement des pièces de l’ordinateur depuis que le dollar est devenu 10 fois plus cher qu’avant, ou les yeux et les nerfs à fleur de peau à force de ne pas sortir à l’air frais et de rester des heures scotchés à Zoom, teams, classroom et autre… Les élèves et les écoles privées libanaises ont quand-même fait un effort appréciable d’adaptation et d’accompagnement de cette crise.

Certains professeurs ont fait beaucoup d’efforts pour diversifier les cours et les supports, vidéos des cours, genial.ly, supports graphiques, sans compter les professeurs moins jeunes qui eux ont dû apprendre à utiliser les ordinateurs et à ouvrir des applications de réunion, à partager leurs écrans. Chapeau !

Mais tous ne se sont pas investi de la même façon, certains même étaient bien réticents à changer leurs habitudes d’enseignements qui du coup n’avaient plus du tout le même sens en ligne.

Les élèves de leurs côté, ont beaucoup apprecié le côté relax de ces cours en ligne, en pyjama affalés mais ils savent assurément que pour assimiler à fond leur cours de physique, ils sont beaucoup mieux en classe. Ils ont d’ailleurs dans un article sur yomkom listé les pour et les contre de l’enseignement à distance pour eux.

Fatigue, manque de concentration, ennui, lequel des élèves ne s’est-il pas au moins une fois rendormi juste après l’appel ? Qui de ces professeurs ne s’est-il pas retrouvé à parler seul devant 30 petites photos, ne sachant pas si quelqu’un l’écoutait même ? Qui des ados ne s’est-il pas levé se promener dans la maison durant le cours de physique pour ne pas s’endormir justement. Ou n’a joué de temps en temps à genshin impact pendant le cours, ou a regardé un stream ou Tiktok ?

Qui n’a pas eu son ordi qui rame pendant des heures sans redémarrer et sans compter l’internet au Liban qui s’interromps au moins une fois par jour. Qui n’a pas en plein examen vu le charge de son ordinateur se finir et le temps de brancher le chargeur et redémarrer, l’évaluation était déjà à sa fin… Et la prof le met absent en fin de journée et il se fait gronder par ses parents !

Le prof n’a-t-il pas lui aussi beugué dix mille fois l’heure, assez pour que des Tiktoks hilarants viennent illustrer la situation.

Finalement, l’année était dure pour tout le monde, les élèves en premier, leurs parents et leurs professeurs aussi, la crise sanitaire n’ayant épargné personne. Il est vital d’évaluer la situation avant de continuer comme si de rien n’était, que ce soit du côté apprentissage ou surtout psychologique des élèves pour pouvoir éviter une catastrophe au futur et des décrochages scolaires en masse.

Et ne serait-il pas temps de profiter de cette crise pour remettre tout le système éducatif en chantier ?

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