Environnement

L’écotourisme au Liban, peut-il soutenir l’économie face à la crise ?

Le taux de change du dollar augmente chaque jour de façon aléatoire, et un grand nombre de libanais remplace les voyages par le tourisme intérieur, la « Staycation ». Pour les mêmes raisons, le nombre de touristes a augmenté durant l’été 2021, car le pays est devenu « moins cher » pour les expatriés. Dès lors, demandons-nous, si le tourisme au Liban peut-il contribuer à soutenir l’économie libanaise à la lumière de la crise que traverse le pays depuis près de deux ans ? Est-ce que le tourisme, en particulier l’écotourisme, peut relancer l’économie ? Quelles sont les réserves naturelles au Liban ? Quelle est la réalité de l’écotourisme au Liban ? Quel est le rôle de l’Etat dans le soutien de ce tourisme ?

Le concept d’« éco-tourisme » est entré dans la réalité du tourisme au Liban il y a une vingtaine d’années. Et il a commencé à se frayer un chemin vers le succès, après que l’environnement naturel soit devenu la principale destination des touristes, dans le but de connaître les éléments naturels et culturels que contient « cet océan ». Ainsi, « l’écotourisme » est devenu une ressource économique importante, car la nature pittoresque du Liban constitue un incubateur naturel pour ce type de tourisme. Ainsi, les réserves naturelles attirent les visiteurs du Liban et du monde. Outre les réserves naturelles, le Liban compte vingt-huit forêts protégées et dix-sept sites naturels. Le climat du Liban est peut-être la « munition » la plus importante qui aide à soutenir sa « réalité environnementale ». Vu la succession des saisons et les transformations qu’offre sa nature en été, en hiver, au printemps ou en automne. Pour que ces éléments se transforment en composants touristiques de base, comme des scènes de coucher de soleil sur le bord de mer ou de ski de neige dans les montagnes libanaises.

Carte des sites environnementaux et des réserves au Liban 

Le Liban comprend sept réserves naturelles classées par des lois, en plus d’un certain nombre d’autres réserves incluses dans des décisions (en attente de devenir loi), et chacune d’elles bénéficie d’une richesse distincte d’espèces et d’organismes. Toutes ces réserves doivent leur existence aux grands efforts des écologistes locaux qui ont reconnu le caractère unique de ces zones et se sont battus pour sa préservation.

Quelles sont ces réserves ?

سمك-المنوة-اللبناني-النادر

Le vairon libanais rare se trouve dans la réserve de Yammouneh

Sans aucun doute, la réserve naturelle de Bentael est la plus ancienne réserve du Liban ; Fondée en 1981 et légalement protégée en 1991, c’est une pinède méditerranéenne typique. Quant à la réserve naturelle de Yammouneh, elle abrite le rare vairon libanais, en plus d’une variété de genévriers et de ficus anciens (Juniperus excelsa). Il existe une réserve naturelle de Tannourine, qui est la plus grande forêt de cèdres du Liban. Et nous avons:

  • Réserve des Cèdres du Chouf
  • Horsh Ehden
  • Réserve naturelle des Îles du Palmier
  • Réserve côtiere de Tyre
  • Réserve Qammoua
  • Vallée de Qadisha
  • Réserve de Ammiq
  • Hadath El Jebbeh
  • Réserve de Ras al-Shaqaa
  • Vallée Naher Ibrahim
  • Vallée Jouhanam
  • Réserve de Sayssouk (Akkar).

carte des sites et reserves au Liban

Carte des réserves au Liban

Quelle est la réaité de l’écotourisme libanais ?

حرش إهدن

Horsh Ehden

L’écotourisme contribue à préserver le patrimoine environnemental et culturel, car la participation de la population locale et sa contribution aux activités et services fournis, réduit le mouvement de la population vers les villes. Depuis les années 90 du siècle dernier, nous avons assisté au Liban à l’émergence d’entreprises et de clubs spécialisés dans les sports pratiqués dans la nature. Les initiatives provenaient principalement de groupes de jeunes et de la société civile au Liban.

Selon sa page Facebook, « Lebanon Mountain Trail Association » lance  a un projet comprenant un sentier qui s’étend, dans les deux sens, de la ville d’Andaqet au nord à la ville de Marjayoun au sud, en passant par 75 communes et villages. Le sentier fait 470 kilomètres de long, à une altitude allant de 600 mètres à 2011 mètres. Le projet comprend également un grand nombre de maisons d’hôtes le long du chemin dans les villages, qui accueillent les pionniers marcheurs pour dormir et dîner ainsi que pour le petit-déjeuner. Il y a un certain nombre de guides locaux sur le sentier qui accompagnent les participants.

 رجل وامرأة يمارسون التحليق المظلي في لبنان

Parapente de la montagne à la plage

Quant au sport de parapente au Liban, il a commencé en 1992 lorsque l’athlète Raja Saadeh l’a amené avec lui des Alpes françaises, où il a suivi une session de trois mois au cours de laquelle il a appris les bases du parapente puis a obtenu un certificat pour l’enseigner.  Il a fondé le Club Thermique pour le parapente, après avoir obtenu une licence du Ministère de la Jeunesse et des Sports et de la Direction de l’Aviation Civile du Ministère des Travaux Publics et des Transports. Saadeh a décrit le sport de parapente, qui attire beaucoup les touristes, comme « un sport de liberté » qui génère une sensation indescriptible, car c’est un moyen de voler au plus près du vol des oiseaux en raison de sa vitesse lente sans aucun moteur ou machine propulsive.

 الكانوي كاياك في نهر العاصي

Le canoë-kayak un sport facile et amusant

«Exit to Nature», présente des  activités de pleine nature avec sorties culturelles et écotourisme. Elle propose des excursions dans la campagne libanaise. Alain Gabriel, qui l’a fondé en 2004, précise qu’il est spécialisé dans les sports extrêmes, comme le parapente et le ski. «Exit to Nature », spécialiste du voyage d’aventure, propose des forfaits culturels complets aux touristes étrangers. Le Liban offre aux touristes le sport du canoë-kayak, pratiqué dans le « Assi » et le « Litani ».

Selon Ali Awada, le propriétaire de l’un des clubs spécialisés, « Le fleuve Oronte » (Assi), contrairement à tous les fleuves du Liban, offre suffisamment de profondeur d’eau tout au long de l’année pour que les touristes puissent entreprendre un voyage fluvial sur sept kilomètres pendant environ deux heures et demi. Le voyage passe par trois belles cascades. Le touriste peut également choisir un forfait comprenant une nuit dans un camp dans le village de Zouaïtîné  à Hermel, à 150 kilomètres de Beyrouth, qui est géré par des professionnels de divers clubs de canoë – kayak au Liban.

L’écotourisme est un soutien pour l’économie nationale

نهر-شوّان

« Chouan »

Si les politiciens et les responsables libanais avaient su la capacité de l’écotourisme à apporter des « devises fortes » dans le pays, ils se seraient précipités aujourd’hui pour soutenir les réserves, les forêts et les sites environnementaux ! Le secteur de l’écotourisme attire environ 40 000 visiteurs par an, dont 65 % des Libanais et 35 % d’étrangers. Cependant, ces chiffres ont connu une forte baisse au cours des dernières années pour de nombreuses raisons, notamment la sécurité et les conditions de vie, le mauvais état des routes, en plus de l’absence d’investissements dans les campagnes.

L’écotourisme peut inclure le tourisme religieux, régional, agricole, sportif et gastronomique traditionnel. La Société Internationale d’Écotourisme indique que le tourisme écologique permet aux groupes locaux d’activer leurs efforts pour lutter contre la pauvreté et le chômage et parvenir à un développement durable, et il permet aux touristes, en plus de découvrir la culture du pays qu’ils visitent, de se mêler à des populations locales, plonger dans les forêts du pays et profiter de la faune et de la vie  marine.

L’écotourisme et le tourisme rural au Liban ajoutent un énorme revenu aux secteurs public et privé. L’écotourisme offre des opportunités d’emploi à un grand nombre de diplômés des facultés de tourisme, d’agriculture et de marketing, car ces activités nécessitent des guides touristiques pour aider les visiteurs locaux et étrangers. De même les sites touristiques et les réserves sont situés à côté des cafés, restaurants et hôtels qui en dépendent à 95% des visiteurs qui y viennent passer le week-end et manger la nourriture rurale saine.

La chanson du Liban vert et la courte distance entre «  la plage et la montagne » ne suffisent plus.

Le rôle de l’État dans le soutien à l’écotourisme

La chanson du Liban vert et la courte distance entre « la plage et la montagne » ne suffisent plus. Le soutien de l’État en général, et du ministère du Tourisme en particulier, a été très timide . Est-il possible que les gouvernements successifs ne se rendent pas compte de la grande importance de développer le concept d’industrie éco touristique, qui contribue efficacement au développement économique, social et environnemental ? Ce dont nous avons besoin, en fait, c’est une approche nouvelle et différente, pareille aux jeunes libanais qui, avec une initiative personnelle courageuse, ont lancé ces projets prometteurs.

Qu’attend ce secteur de l’Etat et des ministères concernés ?

مجموعة من اللبنانييات واللبنانببن يمشون في غابة في لبنان

 La randonnée ou la marche dans les forêts et les bois est devenue l’une des meilleures sorties pour les jeunes libanais pendant l’épidémie de Corona

Le rôle du ministère du Tourisme est essentiel dans la promotion des « sports » liés à l’écotourisme, dans le soutien et la protection de ce secteur, et surtout dans sa commercialisation à l’extérieur du Liban, par le biais de campagnes publicitaires à grande échelle (sur les chaînes de télévision internationales, sur Internet, réseaux sociaux, etc.). Il est également utile de proposer des offres attractives comprenant un billet d’avion en coopération avec la compagnie aérienne nationale, et un hôtel, en plus d’organiser diverses activités liées à l’écotourisme au Liban. Le ministère de Tourisme devrait activer le tourisme intérieur pour sensibiliser les citoyens et les inciter à mieux connaître leur pays.

Le rôle des municipalités est de sécuriser les infrastructures appropriées, préserver la nature, et faciliter la mission des entreprises et des clubs travaillant dans ce domaine. Aussi, de jouer le rôle de lien entre ces entreprises et la population locale, ce qui crée de nouvelles opportunités d’emploi qui leur permettent de rester dans leurs villages et de tirer un bon revenu de leur travail. Les établissements locaux bénéficient de l’afflux de touristes, tels que les petits hôtels et les restaurants locaux.

Quel est le rôle du Ministère de l’Environnement dans l’écotourisme?

Il est nécessaire de souligner le rôle permanent du ministère de l’Environnement dans la préservation de l’environnement au Liban, car c’est l’une des conditions de base pour garantir des conditions favorables pour attirer les touristes intéressés par l’écotourisme. L’un de ses rôles les plus importants est de protéger ces sites contre les abus et les attaques. Peut-être que l’éducation des habitants est la base de la préservation de ces ressources naturelles. Il est du devoir de l’Etat de remettre le Liban sur la carte touristique, de renforcer sa position, et d’en faire un pays touristique leader dans la région et dans le monde. Il est évident, bien sûr, d’élaborer des plans de marketing et des programmes de promotion et de promulguer la législation générale, les lois et les structures organisationnelles requises, qui attireront les investissements dans le secteur du tourisme. Sans oublier la sécurisation des transports en commun qui facilite le déplacement des touristes d’une région à l’autre.

Certains pays bâtissent leur économie sur le tourisme, et dans d’autres, ce tourisme est l’un des principaux piliers de l’économie. Aujourd’hui, le tourisme est synonyme de créativité, d’innovation et d’un processus de production interconnecté, avec ses propres stratégies et plans d’action développés. L’écotourisme consiste à convertir des ingrédients naturels et autres en un important retour économique grâce à un développement durable qui crée des opportunités d’emploi et ne sape pas la richesse du pays et n’en prive pas les générations futures. L’écotourisme est une industrie par excellence qui a besoin de « matières premières » et « d’industriels ». Le Liban possède les deux. Mais il passe à côté du plus important : les politiques et plans économiques

Cet article a été écrit en collaboration avec l’étudiant Jihad Kashaami, étudiant à la Faculté de l’information de l’Université Libanaise, dans le cadre d’un projet lancé par le site « Yomkom » dans le but de donner aux étudiants universitaires l’opportunité de donner une seconde vie à leurs travaux académiques en les publiant sur le site. L’étudiante Roula Mansour a également participé à ce projet, et a publié son article intitulé: Quelles sont les spécialisations de la  Faculté de l’information? Comment puis-je rejoindre?

 

 

 

 

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